La foi, une querelle de clocher

Il sait parfaitement conjuguer les formes du Moyen âge aux nécessités de la vie moderne.

 

Qui aurait pu imaginer, en 1856, que le fondateur de Pontaillac, fervent catholique allait rencontrer les pires difficultés ? Aux tensions qui jalonnent les débuts de l'histoire du quartier, s'ajoutent en effet une fin de non-recevoir du curé de Royan, qui refuse la création d'une chapelle à Pontaillac. 

Des fidèles condamnés à l'exil Avant-projet d'agrandissement (coupe) pour la chapelle de Vaux-sur-Mer, cabinet bordelais, vers 1880

Depuis le milieu du XIXe siècle, la communauté catholique de la ville naissante de Royan se déchire à propos du lieu d'implantation de la première église Notre-Dame, au moment où Jean Lacaze demande l'autorisation de bâtir une chapelle à Pontaillac. Craignant que ce projet ne devienne un argument supplémentaire pour retarder son dessein, le curé de Royan refuse d'accorder son soutien à Jean Lacaze. C'est pour cette raison qu'en 1870, une chapelle néo-romane, financée par des fonds privés, voit le jour sur la falaise nord-est de Pontaillac, à Vaux-sur-Mer, selon des plans et devis attribués à l'architecte bordelais Jean-Jacques Valleton.

Le rêve des Lacaze à l'épreuve de la réalité

La construction de l'église Notre-Dame de Royan en 1870 change la donne. Désormais, plus rien ne s'oppose à la réalisation du lieu de culte tant espéré au centre de Pontaillac, en remplacement de la chapelle de la falaise, devenue trop petite après quelques années de service seulement ! En 1885, Athanase Lacaze fait appel à l'architecte Eustase Rullier, qui lui propose d'élever une véritable église néo-gothique dotée d'un clocher et de deux bras de transept, dans la perspective de la rue du Chanoine Raud. Face à de multiples difficultés qui obligent l'architecte à proposer une succession d'avant-projets, Athanase Lacaze doit se résigner à faire élever « sa » chapelle à l'emplacement que nous connaissons, selon un parti beaucoup plus modeste que prévu. Elevée d'est en ouest, en deux phases de travaux s'échelonnant de 1891 à 1892, elle est l'œuvre des frères Joseph et Michel Ricoux, qui y intègrent des éléments manufacturés, comme le pavage, dû à l'entreprise Genevière-Bonniot de Saintes, ou les céramiques incrustées dans les murs latéraux, provenant des grandes tuileries mécaniques Perrusson et Desfontaines, d'Ecuisses (Saône-et-Loire). Si les sculptures sont exécutées en 1891-1892 par un artiste d'Angers, Victor Bariller, les peintures du sanctuaire ne sont réalisées qu'en 1897 par le peintre bordelais Léon Millet, l'année où son compatriote Henry Fleur fournit les devis pour la conception des verrières décoratives. 

Eustase Rullier,
un architecte provincial dans l'ombre de Viollet-Le-Duc
rullier

Originaire du sud-Charente, Eustase Rullier (1843-1902), est d'abord formé au Petit Séminaire de Montlieu, avant d'entrer dans le cabinet de l'architecte bordelais Gustave Alaux (1816-1882). Adepte des théories de Jean-Baptiste Lassus et d'Eugène Viollet-Le-Duc (dont il est l'ami), Gustave Alaux a « restauré » plus de soixante-dix églises dans le seul département de la Gironde et construit des châteaux néogothiques, où il sait parfaitement conjuguer « les formes du Moyen âge aux nécessités de la vie moderne ». Cette formation influence durablement le jeune Eustase Rullier, qui s'établit à Saintes en 1873, où il devient, en 1875, architecte de la ville et de l'arrondissement. Bénéficiant de la protection de l'évêque, il devient une figure emblématique des architectes régionaux à la fin du XIXe siècle. 

 
 

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