La belle époque se dévoile

l'étranger qui arrive pour la première fois est frappé par la propreté méticuleuse, hollandaise, des intérieurs. Les carrelages sont soigneusement lavés, on se mire dans les planchers

 

Pour se plonger dans le confort douillet de l'âge d'or des villas, suivons les impressions que le journaliste A. Goulaïeff aurait consignées dans le principal journal de Kiev en 1900, et que s'est empressée de reprendre la Gazette des Bains de Mer. Pour lui, tous les lieux de villégiature qu'il a vus « sont d'une même architecture, très jolie, parfois bizarre ». Ce qui l'a frappé, c'est le confort qu'ils offrent, si bien que vous oubliez vite « que vous êtes au bord de la mer et que vous ne vous trouvez-là que pour quelques jours ». 

La villa, un éden chic et douilletVitrail de la villa - Le Lys Rouge, 1913

Jugez-en plutôt : « chaque villa est élevée sur trois ou quatre étages. En bas, cuisine, cave et office. Au premier étage, salon, salle à manger, boudoir. Au deuxième et au troisième étages, chambres à coucher. Partout l'eau et le gaz », et chaque demeure « jouit d'une salle de bains ». Comme les royannais ne sont pas des ingrats, ils louent volontiers leur villa, mettant à disposition des « chambres complètement garnies, jusqu'au linge de lit et de toilette. Une fois entré, tout vous appartient, même la vaisselle de cuisine », s'exclame avec enthousiasme notre journaliste ukrainien !

La location estivale, jeu de chasse aux écriteaux

Avant de pouvoir poser leurs valises et de bénéficier d'un nid douillet, les candidats à la location doivent se livrer au rituel de la chasse aux écriteaux annonçant que telle ou telle villa est libre, avant d'affronter l'œil aguerri d'une vieille gardienne sûre de son fait qui sait de suite « démasquer, toiser, estimer » le « baigneur ». « Point d'écrit, point de bail », constate, en 1900, le journaliste Henri Clouzot, « la parole suffit ». Il ajoute que « l'étranger qui arrive pour la première fois est frappé par la propreté méticuleuse, hollandaise, des intérieurs. Les carrelages sont soigneusement lavés, on se mire dans les planchers », bref, on a déclaré « la guerre à la poussière... jusqu'à la férocité ». À tel point qu'il avoue avoir « vu des propriétaires effacer la trace de leurs pas en passant d'une chambre dans l'autre » alors qu'ils faisaient visiter une villa à un candidat locataire !

Marc Roberti, chantre de Pontaillac Marc Roberti, chantre de Pontaillac

Fils d'un architecte du département de la Gironde, le jeune Marc Roberti (1859-?) s'installe à Royan en 1887, lorsqu'il est nommé architecte de la ville ; poste qu'il occupe jusqu'en 1896. Durant cette période, il donne les plans de nombreuses villas de Pontaillac : France, Marguerite, Les Tilleuls, Kalista, Les Quatre-Vents, Alcyon, Faust, L'Ermitage, Eden-Roc..., imprimant un style au quartier, à travers certains détails caractéristiques. Les intérieurs de ses demeures révèlent d'autres particularités, comme l'emploi presque systématique du pitchpin - aussi appelé hard pine ou yellow pine - pour les huisseries, les cages d'escalier, les lambris d'appui ou les cheminées. Celles-ci sont volontiers traitées dans les pièces de réception à la manière d'un meuble d'ébénisterie appuyé sur une surface murale. 

 

En savoir plus : La Saga des Bains de Mer de Guy Binot aux Éditions Bonne Anse.

 

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