5 janv. 1945 Nuit d'enfer

Les enfants de la guerre n'ont jamais oublié
Les bombardiers grondant au-dessus de la ville.
Ils portent encore au coeur, dans leurs nuits angoissées,
De ces oiseaux de mort la trace indélébile.

Arrachés du sommeil aux cris fous des sirènes,
Ils s'étaient réfugiés dans des abris profonds,
Tandis que leurs aînés, dans leur fuite incertaine,
Succombaient autour d'eux par le feu et le plomb.

Nuit d'enfer ! Le ciel est embrasé comme un bûcher funèbre !
Flammes phosphorescentes, fracas des explosions !
Nuit d'enfer ! Une étrange clarté remplace les ténèbres.
Quel est ce bal sinistre aux sinistres lampions?

Sous les coups, le sol tremble, et Royan est l'arène
Où se livre un combat de monstrueux titans.
Au choc de leurs massues, la mort est souveraine.
La ville est écrasée ! Il n'est plus de Royan !

L'aube du lendemain fut celle du chaos:
Un univers de pierres, de décombres fumants...
Un silence effrayant, même pas un écho...
Ô ma ville éventrée, où sont tes habitants?

Des enfants de la guerre restent quelques témoins.
La nuit du 5 janvier a brisé leur enfance,
Puis s'est brouillée l'image de ce passé lointain
D'où remontent parfois de douces résurgences:

Celles d'un monde tranquille, entre mer et forêt,
D'un monde disparu, mais non le souvenir,
D'une ville perdue, dont on a le regret,
Que des rêves apaisés s'emploient à reconstruire.

Le nom de cet Eden: c'était Royan la Belle
On y vivait heureux. On ne le savait pas.
Étrange faculté de la race mortelle
De chercher le bonheur, oubliant le trépas.

Sylviane Allin-Hutteau, juillet 2010
En hommage aux victimes du bombardement de Royan le 5 janvier 1945
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