Un voilier de légende

De 1993 à 2001, Royan a été le port d'attache d'un voilier de légende, Le Royono. Dessiné par un architecte célèbre, John Alden, et construit au chantier Herreshoff de Bristol (USA) en 1936, ce voilier de plus de 21 mètres, qui remporta de nombreuses victoires en course croisière, fut d'abord baptisé Mandoo II avant de devenir, en 1940, le Royono, nom choisi par un de ses propriétaires John B. Ford qui signifie en langue indienne «maison heureuse sur l'eau».

 
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Tous les Royannais connaissaient sa silhouette, fine et élancée et même les promeneurs ignorants du monde de la voile étaient captivés par le Yawl, si différent au milieu des coques identiques du Port. En parcourant à pied les sentiers du bord de mer, il arrivait qu’on l’aperçoive sur l’eau au détour d’un lacet, toutes voiles dehors. On s’arrêtait pour contempler cette vision tout droit sortie d’une époque où de riches yachtmen régataient au large de Long Island et de Newport sur des yachts aussi élégants que rapides. Mille histoires, mille rumeurs entouraient la coque et s’engouffraient dans la voilure. L’ombre de John Fitzgerald Kennedy se détachait à la barre et l’on imaginait, Marilyn, alanguie sur le pont ou riant aux embruns. Aucune affabulation dans cette glorieuse évocation. Le Yacht a bien fréquenté la famille Kennedy dans les années soixante. Il était alors propriété de l’Académie navale d’Annapolis, la grande école de la marine américaine devenu le club nautique de la famille présidentielle.

 
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John Fitzgerald Kennedy tomba sous le charme et navigua régulièrement en croisière sur le Yawl avec ses amis, ses collaborateurs et convia même à son bord, dit-on, Marilyn Monroe, rumeur qui faisait soupirer d’aise les Royannais pleins d’imagination.
De ces eaux si bien fréquentées au Port de Royan, la route du Royono ne fut pas sans embûches. D’abord aménagé pour le charter, il passe aux mains de trafiquants et se voit intercepté en 1975 alors qu’il transporte des ballots de marijuana. Il est dans un triste état lorsque Philippe Boomer le rachète en 1987 et entreprend une première restauration. Le voilier retrouve son aspect d’origine et renoue avec la course en Méditerranée. Lors de sa revente, il croise la route d’Olivier Claudeville qui convoie le Yacht vers Royan, son nouveau port d’attache. Des problèmes administratifs vont contraindre le voilier à trois ans d’immobilité.
Des mois à quai, mis à profit par le nouveau skipper qui vit à bord, pour prendre soin du navire, de l’acajou, des vernis, de l’accastillage en bronze, du cuir vert des banquettes et des vitraux du vaisselier. Autorisé de nouveau à prendre le large, Le Royono ne peut cependant courir les océans autant que le souhaiterait son skipper à défaut d’équipage conséquent. Il navigue le long des Côtes Atlantiques et régate grâce aux amis. Quelques Royannais ont ainsi épinglé le yawl à leur palmarès de marins et amassé de jolis souvenirs à évoquer autour d’un verre de rhum… ou de cognac.

 

Ces histoires des marins de la Côte de Beauté trouveront un écho particulier puisque le nom du Royono devrait de nouveau résonner dans le monde de la course en mer. Racheté une nouvelle fois, le voilier est sorti en automne dernier d’un chantier de La Ciotat où il était en restauration depuis janvier 2002.
Malgré quelques modifications nécessaires, le Yawl a retrouvé ses formes originelles, au plus près des plans de l’architecte. Il lui reste désormais à briller dans les régates de yachts classiques auxquelles il devrait participer. Les Royannais avertis garderont l’œil sur lui avec une pointe de tendresse nostalgique.

 
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Sources : Chasse-marée n°130 décembre 1999 Éditions Ouest-France ;
Chasse-marée n°160 mai 2003 Éditions Ouest-France

 

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