Dugua de Mons, Pierre

Le nom de Pierre Dugua de Mons reste encore méconnu, bien que des historiens sérieux aient mis en lumière l'importance du rôle qu'il joua dans la fondation de la Nouvelle-France, au début du XVIIe siècle.

Né à Royan, vers 1560, ce gentilhomme protestant avait combattu en Normandie aux côtés d'Henri IV, contre la Ligue Catholique. Il y avait gagné l'estime du roi qui mit fin aux Guerres de Religion, en promulguant l'Édit de Nantes en 1598.
Dès 1599, Dugua de Mons entreprit un voyage vers la Nouvelle-France, en compagnie d'un notable protestant de Honfleur, Pierre Chauvin de Tonnetuit, qui s'intéressait au commerce des fourrures avec les Amérindiens. Ce commerce était source de gros profits, en raison de la demande croissante en Europe, surtout celle des peaux de castor pour la fabrication des chapeaux.
Avec le retour de la paix, Henri IV souhaitait relancer les projets de colonisation des régions d'Amérique du nord découvertes au début du XVIe siècle par Verrazzano et Jacques Cartier et auxquelles ils avaient donné les noms d'Acadie et de Nouvelle-France. Mais toutes les tentatives d'installation de colonie permanente avaient jusqu'alors échoué.
En 1603, le titre de Lieutenant général en Nouvelle-France se trouvant vacant, Dugua de Mons se présenta avec un projet : les Sept Articles. Il proposait d'entreprendre, à ses frais, le peuplement des terres neuves, en échange d'un privilège lui donnant, ainsi qu'à ses futurs associés, l'exclusivité pour 10 ans du commerce des fourrures avec les Amérindiens.
Le 8 novembre 1603, à Fontainebleau, une commission royale conféra à Dugua de Mons le titre de Lieutenant général « aux pays, côtes et confins de l'Acadie » avec tous pouvoirs pour découvrir, conquérir et habiter les terres situées de l'île de Terre-Neuve à l'emplacement actuel de Philadelphie. Il entrait aussi dans sa mission de convertir les sauvages au christianisme, ce qui ne manqua pas de susciter des objections au sein des milieux catholiques.
Dugua de Mons conduisit en personne, à bord du navire, Le Don de Dieu, la première expédition qui comprenait une petite centaine d'engagés et quelques volontaires, dont le jeune Champlain, chargé d'établir les cartes des découvertes. Elle se fixa d'abord à l'île Sainte-Croix, sur la côte de l'actuel Nouveau-Brunswick, site qui fut abandonné à la suite du terrible hiver de 1604-1605, au cours duquel périrent près de la moitié des résidents. Le choix se porta ensuite sur Port-Royal, en Nouvelle-Écosse, où fut édifiée une habitation. Dugua de Mons quitta Port-Royal, à la fin de l'été 1605, laissant sur place une cinquantaine d'hommes. Rentré en France, il dut faire face aux nombreux adversaires de son projet et surtout du monopole dont sa compagnie était investi et que ses associés et lui-même avaient beaucoup de mal à faire respecter, en raison de la contrebande et de la mauvaise volonté des administrations chargées d'appliquer les décisions royales. Aussi ne put-il se rendre en personne à Port-Royal en 1606. Il envoya cependant un navire, Le Jonas, pour ravitailler en hommes et en vivres la colonie.
Malgré les bonnes perspectives ouvertes par le maintien depuis trois années de la colonie en Acadie ainsi que par les excellentes relations des Français avec les autochtones de la région, Henri IV révoqua prématurément le monopole en Juillet 1607 et Dugua de Mons n'eut d'autre choix que de rapatrier les habitants de Port-Royal, dont il ne pouvait plus financer le maintien.
Le sursis inespéré accordé par le roi en 1608 à son entreprise permit à Dugua de Mons d'envoyer Champlain en mission sur le Saint-Laurent, pour y fonder un nouvel établissement. Le 3 juillet 1608, à la tête d'une expédition entièrement financée par la Compagnie de Dugua de Mons et investi par celui-ci du titre de lieutenant, Champlain prit pied à la pointe de Québec ou il construisit un fort , point de départ de la future capitale de la Nouvelle-France.
La mort de Henri IV en 1610, ne mit pas fin à l'oeuvre entreprise en Amérique du nord. Dugua de Mons y contribua jusqu'en 1612, date à laquelle il renonça à son titre de Lieutenant général tout en continuant à soutenir Champlain dans son action à Québec.
Il mourut le 22 février 1628, dans son château d'Ardenne, près de Pons, en Saintonge. Sa tombe présumée se trouve dans un enclos proche, veillée par un if plusieurs fois centenaire.
En Acadie aussi bien qu'à Québec, Dugua de Mons, avec tous ceux qui l'accompagnèrent et le secondèrent, jeta les bases d'une Amérique française qui a perduré jusqu'à nos jours, en dépit des difficultés, des reniements et des abandons.

Bibliographie aux Éditions Bonne-Anse


Retour

Recherche

la boutique de Royan

La boutique de royan

OFFREZ-VOUS ROYAN !
Livres, images, affiches, posters, souvenirs...