La Chapelaine Blanche de

Blanche de La Chapelaine (ou Lachapelaine)
L'histoire de Blanche de La Chapelaine est très populaire dans la presqu'île d'Arvert. Selon la tradition, elle est originaire du Fouilloux en Arvert et est la descendante d'un compagnon d'Agrippa d'Aubigné, Charles de La Chapeleine de Dirée, juré en sel au temps de Charles IX, porte-enseigne dans les armées de Condé, blessé à la prise d'Arvert en 1570, puis anobli par Henri IV, qui installa ses claires en empiétant sur la rive gauche de la Seudre. Le père de Blanche Charles de La Chapelaine, sa femme et son fils, tous protestants, émigrent en Hollande à la suite de la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, mais Blanche, âgée de cinq ans, reste au pays avec sa grand-mère pour éviter la confiscation de leurs biens. À quinze ans, elle est envoyée au couvent de Pons sur ordre du roi pour en faire une bonne catholique, elle y resta deux ans et en ressortit toujours protestante. Ses parents étant morts en Hollande, son frère Simon revient en France et tous deux se consacrent à la mise en valeur de leurs terres. Simon ne réussit guère, par contre Blanche prend dans son héritage le domaine du Fouilloux et, avec l'aide de serviteurs dévoués, elle cultive ses vignobles.Son vin du Fouilloux est vite le plus réputé du pays, et ses salines d'où provenaient les huîtres de la Seudre envoyées au roi Louis XIV.Son sel de la Blanchette devient également renommé. Vers 1730, Blanche commence à envoyer des écaillères, en costume local, vendre et ouvrir des huîtres vertes aux portes des hôtelleries dans les villes proches de la région, puis même vers Paris, faisant ainsi une grande publicité à l'huître plate de Marennes, la seule à posséder cette belle couleur verte. Les écaillères de la Seudre se partagent la France, celles de Marennes vont au nord et celles d'Arvert au sud. Elle meurt à 80 ans, ayant personnifié l'âme du pays d'Arvert, et est enterrée dans son logis du Fouilloux par le pasteur du désert Louis Gibert.
Cette belle histoire suscite cependant de nombreuses interrogations car il n'en est fait mention dans aucun livre d'histoire locale avant l'oeuvre de Paul Dyvorne en 1934 qui lui consacre un long chapitre. De plus, elle n'est pas mentionnée dans la très complète Histoire des Protestants de Haag et son ancêtre n'apparaît pas dans les œuvres de d'Aubigné. Dans un excellent article paru dans La lettre d'Arvert, Franck Louis nous fait part de ses très intéressantes recherches toutes négatives pour retrouver sa trace : au Logis du Fouilloux, où il ne trouve pas la moindre tombe à son nom, sur les registres de Gibert où elle ne figure nullement, pas plus que sur les registres du couvent des Dames de la Foi à Pons parmi les jeunes filles enfermées pour devenir de bonnes catholiques. Franck Louis en déduit, à son grand regret tant il aimerait que la belle histoire de Blanche de La Chapelaine soit vraie, qu'il s'agit sans doute d'un mythe. En l'état actuel de nos connaissances, il faut bien admettre, avec lui, que Blanche de La Chapelaine n'a pas eu d'existence réelle mais est une belle et poétique invention de Paul Dyvorne.

Guy BINOT

P. Dyvorne, Devant Cordouan Royan et la presqu'île d'Arvert, Delmas, Bordeaux, 1934
F. Louis, Blanche de Lachapelaine : mythe ou réalité, La lettre d'Arvert, décembre 1996


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