Belcier Jeanne de

Belvier Jeanne de, sœur Jeanne des Anges (Domaine de Sorlut, près de Cozes, 1602 - Loudun 1665)
Jeanne est la fille de Louis de Belcier, baron de Cozes. Petite, à demi bossue, mais agréable de visage, d'une nervosité excessive, elle confie au curé de Cozes ses visions célestes et démoniaques. Elle prend le voile aux Ursulines de Poitiers en 1622 sous le nom de soeur Jeanne des Anges, elle y vit trois ans dans un grand libertinage d'esprit. Transférée à la filiale des Ursulines de Loudun en 1626, elle en devient prieure l'année suivante. Elle souffre de troubles nerveux et d'hallucinations érotiques et s'intéresse au curé de Loudun Urbain Grandier qui refuse de prendre en charge le couvent, ce qui la vexe profondément. Toujours hystérique et détraquée, elle provoque chez toutes les soeurs du couvent des crises nerveuses. On les déclare possédées du diable en 1632 et Jeanne des Anges en rend responsable le curé Urbain Grandier. Le bailli ordonne la séquestration des religieuses et le couvent devient une sorte d'asile de folles. Les parents de Jeanne demandent alors l'aide de Martin de Laubardemont, créature du cardinal de Richelieu qui a rasé l'ancienne ville fortifiée de Royan en 1631, lequel obtient de Richelieu l'arrestation du curé Grandier, d'ailleurs peu intéressant personnage, et le fait passer en jugement comme sorcier. Deux ans plus tard, un tribunal d'exception présidé par Laubardemont déclare Grandier coupable et le fait brûler vif le 18 août 1634.
La névrose collective à Loudun n'en continue pas moins, Jeanne des Anges fait une grossesse nerveuse et manque de se suicider en pratiquant sur elle-même une césarienne, puis présente des stigmates aux mains. On appelle au couvent le père jésuite Surin qui initie Jeanne des Anges au mysticisme. Puis il reconnaît le bien fondé des stigmates de Jeanne et pour l'exorciser la fouette nue, et se trouve possédé du démon à son tour au point de l'importuner et de se faire renvoyer. Jeanne malade est soignée par des saignées et, après avoir été au plus mal, elle se déclare subitement guérie grâce à l'intervention de Saint-Joseph lequel lui a donné un baume dont les traces sont sur sa chemise. On crie au miracle et Jeanne passe pour une sainte. Le père Surin revient pour exorciser un dernier démon qui accepte de décamper en 1637 contre la promesse d'un pèlerinage au tombeau de Saint François de Salles, ce pèlerinage à Annecy est un triomphe. De partout, on vient lui demander des guérisons miraculeuses, sa chemise est imposée sur les hémorroïdes de Richelieu et sur le ventre de la reine Anne d'Autriche pour favoriser son accouchement du futur Louis XIV.
Rentrée à Loudun, pétrie de mysticisme, elle commence à écrire l'histoire de sa possession dont le manuscrit est conservé à la bibliothèque de Tours. Paralysée du côté droit dès 1661, puis gâteuse, elle meurt en 1665 et manque de peu d'être béatifiée.

Guy BINOT

(Prévost et Roman d'Amat - Dictionnaire de biographie française Tome V - 1949)


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