Les origines de l'établissement

En 1895, un professeur du collège de Blaye, Antoine-Victor FOHRWERK, ouvre un établissement libre d’enseignement secondaire rue Gambetta, à Royan. L’établissement se forge rapidement une bonne réputation, si bien que les effectifs ne cessent d’augmenter et qu’en 1899 Antoine-Victor FOHRWERK doit quitter les locaux de la rue Gambetta, devenus trop petits, au profit d’un immeuble plus important, situé avenue de Pontaillac, pour pouvoir accueillir encore plus de pensionnaires.
A la même époque, la ville envisage de construire son collège. Deux lois, l’une votée en 1850, l’autre en 1900, lui offrent l’opportunité de faire élever grâce à des fonds publics des locaux qui peuvent accueillir un établissement libre avec lequel la ville aura signé un traité. Aussitôt, le maire de Royan, Frédéric Garnier, saisit l’occasion qui lui est donnée par la loi du 13 juillet 1900, et propose d’élever un Institut collégial où seraient transférés les élèves de l’établissement d’Antoine-Victor FOHRWERK. Le conseil municipal envisage dans un premier temps d’implanter le nouvel établissement dans le lotissement dit de l’Oasis, mais les négociations pour l’achat des terrains se révèlent délicates, si bien que c’est dans le Parc que l’Institut collégial sera finalement élevé, sur deux terrains avantageusement situés sur la ligne de tramway et achetés à deux particuliers.
Sur l’insistance de Frédéric Garnier, toutes les décisions concernant la création de l’Institut collégial sont prises rapidement puisque dès le 23 mai 1902, le conseil municipal de Royan adopte en principe, et à l’unanimité, le projet de transformation de l’institution secondaire libre dirigée par Antoine-Victor FOHRWERK, sur les bases d’une dépêche du 17 mai 1902.

L'évolution des effectifs de 1895 à 1904

  • 1895-1896 = 1 pensionnaire sur 13 inscrits
  • 1898-1899 = 15 pensionnaires sur 32 inscrits
  • 1899-1900 = 20 pensionnaires
  • 1900-1901 = 21 pensionnaires
  • 1901-1902 = 24 pensionnaires
  • 1902-1903 = 26 pensionnaires
  • 1903-1904 = 32 pensionnaires. Faute de place , 12 candidats à la pension ont été refusés !
 
Carte postale de la façade
 

1903-1904, le projet architectural

L'établissement en quelques chiffres

Le bâtiment conçu par Jules Bureau couvre initialement une surface de 706 m2 sur un terrain de 5765 m2. Le jardin du directeur occupe 905 m2 et la cour de récréation 3000 m2, soit 17 m2 par élève. L’établissement est conçu pour recevoir 170 élèves dont 60 internes qui disposent de deux dortoirs ; le réfectoire peut accueillir 86 élèves au total. Etablissement moderne, l’Institut collégial se doit de posséder le gaz, le chauffage et l’eau à tous les étages. Pour la sécurité, il est prévu quatre échelles de secours donnant dans la cour de récréation.

Les principes généraux et la situation

Le terrain sur lequel l’institut collégial est bâti donne au nord sur l’avenue Garnier de 10 m. de large (aujourd’hui avenue Emile Zola), qui est desservie par un tramway à vapeur. C’est là qu’est aménagée l’entrée principale. Au sud, le terrain donne sur l’avenue Notre-Dame-des-Dunes, où l’on doit aménager une entrée charretière, et au sud-ouest sur l’avenue du Casino, où l’on doit aménager une entrée pour les services. Il est précisé que, pour des raisons d’hygiène, « le terrain est entièrement boisé, isolé de plus d’un kilomètre de toute usine, et de trois kilomètres du cimetière ».

 

Le plan et la distribution

Divisé en quatre niveaux, le bâtiment de l’Institut collégial comprend un sous-sol hors de terre haut de 2.30 m., avec une partie centrale contenant W.C., débarras, cave, cave à vins, charbon, buanderie, chai à bois, une aile droite renfermant un cabinet de bains, une entrée, une souillarde, une cuisine, un calorifère, un office avec monte-plats, un débarras à charbon, et le départ de l’aile gauche, possédant une chambre de domestique et une cave. Le rez-de-chaussée, haut de 4.30 m., comprend, dans sa partie centrale, un vestibule, une loge avec chambre à coucher, un parloir, le cabinet du directeur, deux études pour 36 élèves, W.C. et urinoirs sur la cour, dans l’aile droite la salle à manger du directeur, un office avec monte-plats, un réfectoire pour 86 élèves ainsi que deux salles de classe, et dans l’aile gauche deux autres salles de classe.
Le premier étage, haut comme le rez-de-chaussée et le second étage de 4.30 m., comprend dans sa partie centrale un dortoir de 30 lits accompagné d’une chambre de surveillant, et deux « lavabos », dans l’aile gauche le logement du directeur qui renferme un salon, W.C., deux chambres communiquant chacune avec un grand cabinet, une chambre avec un cabinet de toilette ainsi qu’une autre chambre, et, dans le départ de l’aile gauche, un vestiaire, W.C. ainsi que deux chambres d’élèves. Le second étage comprend dans sa partie centrale la même distribution qu’au rez-de-chaussée, c’est-à-dire un dortoir de 30 lits accompagné d’une chambre de surveillant, deux lavabos, dans l’aile droite trois chambres d’élèves, W.C., une lingerie, une chambre dite des isolés, une pharmacie, une infirmerie, et, dans le départ de l’aile gauche un vestiaire, W.C. ainsi que deux chambres d’élèves.

Plan du rez-de-chaussez

Une façade monumentale annonçant différentes fonctions

Bâtie comme le reste de l’édifice en moellons de Saujon, en pierres de taille Saint-Même provenant des carrières de la Société de Charentes et du Poitou, pour les encadrements, et en pierres de taille dures de Vilhonneur, pour les marches et les seuils, la façade principale du collège est organisée selon un schéma très classique, à partir d’un avant-corps central sur une travée couronné par un fronton triangulaire et de deux avant-corps latéraux. Elle se divise en quatre « strates » horizontales qui symbolisent la différence de vocation des niveaux. Le « sous-sol hors de terre » marque la partie de service. Le rez-de-chaussée, compris entre deux corps de moulures horizontaux affirmés, correspond à l’étage noble, un niveau qui contient la partie administrative et certaines salles de cours. Les deux étages, qui ne sont séparés par aucun corps de moulure et qui sont éclairés par une série de baies identiques, marquent la partie « résidentielle » de l’établissement, celle qui contient les dortoirs.

 

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