Jacques Bouineau

Souvenirs de Jacques Bouineau, lycéen studieux, au tournant des années 70, devenu un universitaire reconnu en histoire du droit. Sud-Ouest du 27/10/2004

J'ai compris ce que travailler voulait dire

Le cliché fondé sur la proximité suspecte entre l'établissement Zola et la plage aura survécu aux décennies passées. Etiquette un rien indolente apposée sur le front des élèves que récuse Jacques Bouineau, scolarisé au lycée du quartier du Parc, au tournant des années 70.
Sourires : « Quand j'avais annoncé au collège de Saintes que je partais, à Royan, à Zola, on m'avait dit "vous n'allez pas vous fouler". A l'oral du bac, on m'a répété la même chose. Cette réputation, je ne l'ai pas trouvée. Paradoxalement, c'est au lycée Zola que j'ai compris ce que travailler voulait dire ».
Confidence que l'on n'oserait contester : Jacques Bouineau, 50 ans, professeur d'histoire du droit à l'université de La Rochelle, fait autorité. Et son cursus révèle le goût du travail et de la recherche forgé, à l'en croire, au lycée Zola : auteur de divers ouvrages sur l'histoire des institutions, ancien directeur du prestigieux Institut du droit des affaires internationales à l'université du Caire. Déjà, entre les heures d'études, il s'accordait, en guise de distraction, la lecture de romans historiques, avec son camarade Didier Colus, lui-même professeur de lettres au collège Zola.

Émulation. Car la classe littéraire, section latin-grec, impose au jeune Jacques Bouineau, qui avoue volontiers s'être laissé porté jusqu'en seconde, un tout autre rythme de travail : « On était dans une classe de bosseuses. On n'était que six garçons en seconde. Le niveau était très nettement supérieur. Aller au lycée en longeant la plage, au guidon de mon Solex, c'était inouï. Mais on pouvait travailler, et en même temps, prendre du plaisir. Les deux étaient conjugables. ça forge un esprit ».
S'il n'est pas homme à verser dans une quelconque nostalgie, et reconnaît avoir perdu tout contact avec ses anciens camarades - « la vie passe » -, Jacques Bouineau ne feint pas son enthousiasme au souvenir de son professeur d'histoire. Un certain Yves Delmas, que l'on ne présente plus : « Quelqu'un d'extraordinaire. Il a réussi l'exploit de me faire aimer l'histoire contemporaine. Il arrivait en cours avec des enregistrements audio, des chants de résistants... C'était dynamique. » Il y avait aussi Lasserre en sciences naturelles, Olivier en anglais, avec l'accent américain. Anecdote : « Devigne, un professeur d'espagnol, nous avait obligé à apprendre l'impératif des verbes par cœur. Ca nous faisait bailler d'ennui. Pour le meilleur, il avait promis un carambar. Dans la classe, il y avait une fille très intelligente et très mignonne. La récompense devait lui revenir. J'ai bossé comme un fou, c'est moi qui l'ai gagné. Mais je crois qu'il ne m'était pas destiné... »

« Harmonie des choses ». Suivront, le bac en poche, de longues études de droit. Une matière que l'on sait aride. Jacques Bouineau le consent. Et rajoute : « J'ai aimé le droit, une fois les études terminées. La discipline procure une excitation intellectuelle prodigieuse et requiert une très vaste culture pour jongler avec les concepts. » Son prochain ouvrage sera sous presse d'ici quelques jours. Un « Traité d'Histoire européenne des institutions ». « Je m'interroge sur la construction européenne, sur ses racines, sur sa logique institutionnelle ».
En poste à Nanterre, avec vue sur « la gare du RER », Jacques Bouineau n'avait guère hésité à venir enseigner à l'université de La Rochelle, en 1999. « Même si le prestige n'est pas le même ». Sentiment nourri de cette époque lycéenne, reconnaît l'intéressé. « Il est important de regarder le ciel, la mer, de sentir l'odeur des œillets des pins. On peut se dépasser soi-même, dans un environnement plaisant, parce qu'il y a une harmonie avec les choses.»

 
classe de Bouineau
La classe de M. Boutéca, professeur de latin-grec, 
année 1969-1970. Au deuxième rang, à gauche, Jacques Bouineau 
 

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