Les lumières

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La lanterne du Phare de Cordouan. Photo Christophe Gauriaud.

 

Depuis le Moyen-Âge, Cordouan est une « tour à feu », un fanal allumé chaque nuit pour guider les navires. Le phare est un exceptionnel observatoire où se succèdent jusqu'à aujourd'hui toutes les techniques d'éclairage. Cordouan, bénéficiant de son aura et de son importance stratégique est aussi un lieu d'expérimentation des nouvelles technologies.

La tour médiévale se limite à une simple plate-forme où est allumé chaque soir un feu de bois, soumis aux aléas météorologiques et au fonctionnement irrégulier, accentué par le délabrement de la tour au XVIe siècle.

 

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La lanterne du Phare de Cordouan.
Photo Christophe Gauriaud.

 

La lanterne de la tour de 1611 constitue une première révolution avec ses six fenêtres protégeant du vent et sa pyramide à usage de cheminée. Le feu est beaucoup plus élaboré avec un mélange de goudron, de poix, de résine et de bois allumé dans un bassin de bronze. Mais la lanterne sophistiquée ne résiste pas longtemps aux tempêtes. Elle est remplacée vers 1660 par un lanternon ouvert et un foyer fonctionnant à l'huile de baleine. L'abaissement de la tour, le mauvais entretien du foyer et son extinction fréquente entraînent de multiples plaintes des marins qui déplorent par exemple en avril 1706, « qu'on avait point mis le feu à la tour ce qui aurait failli les faire périr ».

C'est l'ingénieur Bitry qui, en 1727, fait franchir au phare une nouvelle étape dans la modernisation avec la construction d'une curieuse lanterne de fer collée sur la tour et le passage au charbon de terre brûlant dans un réchaud sous un dôme réfléchissant la lumière, donnant « un feu bon et vif ». Ce système nécessite une importante logistique pour l'arrivée du charbon venu d'Angleterre ou de Decize stocké dans l'entrepôt de la Maison de Cordouan à Royan avant son transport à la tour par chaloupe.

Dans le cadre d'un vaste programme de modernisation du réseau des phares français, Cordouan bénéficie en 1782 d'un équipement expérimental avec un système de feux à réverbères fonctionnant grâce à un mélange d'huiles, soit 80 lampes associées à autant de réflecteurs en cuivre. La nouvelle technologie, mal maîtrisée, soulève un tollé de protestations chez les marins pour lesquels le « feu a si peu d'éclat qu'il paraît à peine à la distance d'une lieue dans le plus beau temps ».

 
 

La surélévation du phare ajoutée à des réflecteurs et des lampes plus performants et surtout la mise en place à titre expérimental du premier feu tournant et de sa « machine », allumé le 29 août 1790 sur la nouvelle tour, constituent là encore une nouvelle étape décisive dans l'histoire de l'éclairage maritime.

Cordouan est choisi en 1823 pour accueillir la célèbre lentille de l'ingénieur Augustin Fresnel, son optique et son mécanisme montés dans la lanterne. L'invention de Fresnel, qui remplace les réflecteurs, merveille technologique, stupéfie les marins de Royan « par la vivacité et la blancheur de son feu ». Elle est remplacée en 1854 par un nouvel appareil lenticulaire à panneaux dioptriques logé dans une lanterne réaménagée.

 

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Conservé au Musée des Phares d'Ouessant, l'appareil installé en 1823 par Fresnel à Cordouan est une pièce exceptionnelle dans l'histoire de l'éclairage des phares. Composé de huit panneaux de lentilles montés sur un châssis de fer, il est entrainé par une machine de rotation. à son foyer brûle une lampe à huile à mèches concentriques. Le principe de la lentille trouve ici une application pratique, puisque le feu s'allumera toutes les nuits pendant plus de trente ans, ouvrant la voie à l'adoption universelle d'une technologie mise au point en France.
Photo Musée des Phares et Balises, Ouessant.

 
 

Le phare reste toujours à la pointe des évolutions avec l'utilisation du gaz de pétrole pour les brûleurs en 1907, avant son électrification en 1948. Avec la mise en place en 1987 de la première ampoule halogène, miniaturisée en 2006 et l'automatisation du feu, la lumière de Cordouan bascule dans l'ère informatique tout en conservant sa mission initiale et son devoir d'éclairage de l'estuaire.

 

 

évolution des lanternes de la tour de Cordouan. Michel Goutal, Architecte en Chef des Monuments Historiques de Gironde.

 
Mimi

En savoir plus : Cordouan Roi des Phares  de Frédéric Chassebœuf aux Éditions Bonne Anse.

 

 

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