Sentinelle de l'estuaire

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Marée montante à Cordouan, Royan vu du Phare. Photo Christophe Gauriaud.

 

Toutes les cartes marines témoignent des dangers de l'embouchure de la Gironde, passage obligé pour entrer dans « la rivière de Bordeaux ». Entre la côte du Médoc au sud et la pointe de La Coubre au nord, se succèdent sur une trentaine de kilomètres une série de bancs de sable, à la géographie mouvante d'une année à l'autre comme en témoigne encore aujourd'hui la naissance de « l'île de sable » devant le phare. Ces « mattes » de sable (Les Ânes, la Mauvaise, le Matelier, Montrevel...) constituent une véritable barrière sous-marine où se heurtent la grande houle océanique et le puissant courant de la Gironde. Ces hauts fonds définissent un territoire maritime redouté de tous les marins où se cumulent tous les périls : vagues « monstrueuses » lorsque la grande houle vient déferler sur les bancs de sable et rend impossible l'entrée ou la sortie de l'estuaire, violents courants qui se renversent à chaque marée, définissant de véritables sens uniques maritimes alternés. Dans ce passage de tous les dangers, les navires doivent suivre des passes étroites, tortueuses, peu profondes, changeantes, dont la cartographie se précise progressivement du XVIe au XIXe siècle.

Au cœur de l'embouchure, se détache sur toutes les cartes une petite île rocheuse entourée de bancs de sable, nommée Ricordane en 1545, puis île de Cordouan. C'est sur cet îlot que sont construites, depuis le Moyen-âge, les tours de Cordouan. La tour joue le rôle de balise géante, de poteau indicateur qui, jour et nuit, sert de repère et de guide à tous les navires entrant et sortant de l'estuaire. Depuis le large, elle signale l'entrée de la Gironde, amer à partir duquel il faut faire le point et prendre les passes, tout en s'écartant du plateau rocheux et sableux entourant le phare. à partir de la fin du XVIIe siècle, le poteau indicateur central de l'estuaire qu'est Cordouan se combine avec un réseau d'autres amers (clochers d'églises surélevés, balises en bois ou en pierre) qui permettent aux navires de prendre des alignements représentés avec précision sur la carte de Teulère en 1800.

Cordouan est donc le pivot du système de signalisation permettant d'entrer dans un des estuaires les plus dangereux d'Europe, fréquenté chaque année par plusieurs milliers de navires, avec son lot de naufrages et ses drames. La disparition d'une vedette de pilotage en 1997 avec ses deux hommes, dans les déferlantes devant Cordouan, illustre encore tragiquement la violence incontrôlée de l'Océan.

Le mémoire rédigé en 1722 par l'ingénieur Bitry peut à juste titre affirmer « qu'il est de nécessité absolue de bien entretenir cette tour, c'est elle qui soutient la navigation, sans quoi la plupart des vaisseaux feraient naufrage. C'est elle qui sert le jour de balise, par son élévation pour la route des vaisseaux et la nuit de fanal par le feu qu'on y entretient à son sommet qui guide les navires et les empêche de donner sur les bancs de rochers ».

 
Plan de l'embouchure de la rivière de Bordeaux, Joseph Teulère, 23 juin 1787. Archives Nationales, Paris.

Plan de l'embouchure de la rivière de Bordeaux, Joseph Teulère, 23 juin 1787.
Archives Nationales, Paris.

 

Mimi

 

En savoir plus : Cordouan Roi des Phares de Frédéric Chassebœuf aux Éditions Bonne Anse.

 

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