Tous les arts

L'affiche du 10e anniversaireFestival majoritairement axé sur la musique contemporaine, comme ne l'indique pas son nom, le Festival International d'Art Contemporain de Royan a cependant laissé une bonne place aux arts visuels et au spectacle vivant, préfigurant par là tous les festivals interdisciplinaires qui suivront en Europe.

Les arts visuels

Une programmation visionnaire, des choix sûrs et cohérents, tout ceci n'aurait pu exister sans l'intervention d'André Tardy pour les arts plastiques. En effet, de 1967 à 1977, des expositions sont organisées au Palais des Congrès, au Foyer du Casino, et conjointement, à la Galerie des Voûtesdu Port. Dès 1968, par le choix de montrer au Casino les «calligraphies occidentales » de Mathieu pour Air France, André Tardy opte pour l'art abstrait et n'y déroge pas pendant près de 20 ans. Ces mouvements artistiques sont exposés avec constance et expliqués au public royannais dans tous leurs avatars, célébrations du geste et/ou de la forme.

André Tardy 

Né en 1914, décédé en 1996, André Tardy a toujours œuvré pour « dédramatiser le mot culture », selon ses propres mots. Enseignant et artiste à Royan, il va mettre en place au fil des années plusieurs structures qui faciliteront l'accès à l'art pour les Royannais :

  • conseil artistique et organisation de nombreuses expositions au Festival International d'Art Contemporain de Royan de 1964 à 1977,
  • création de l'Association pour une Maison de la Culture (APMC) de 1968 à 1981,
  • direction et animation de la galerie APMC aux Voûtes du port de 1970 à 1981.

Le choix de l'abstraction en peinture

Une aventure de l'art abstrait

Avec cette exposition en 1969, André Tardy progresse dans l'initiation du public royannais à l'art abstrait. Choisissant de présenter majoritairement des abstraits lyriques, dont les noms ne sont pas tous passés à la postérité, il fait la part belle à un peintre encore peu connu à l'époque, Olivier Debré.

Cinq peintres abstraits lyriques

André Tardy montre la cohérence qui réunit 5 jeunes peintres autour d'un même mouvement, l'abstraction lyrique. Ce mouvement est fondé en 1947 par Mathieu, Riopelle, Viera Da Silva..., en réaction contre l'impérialisme des peintres américains de l'abstraction géométrique. Le sujet peignant et sa liberté créatrice, révélée par une « écriture » personnelle, deviennent le sujet de la peinture.

Viera Da Silva

En exposant Maria Viera Da Silva en 1975 au Palais des Congrès, André Tardy remonte aux sources de l'abstraction lyrique. L'espace mouvant et le monde labyrinthique de ses Villes et de ses Bibliothèques, annoncent les troubles perspectifs de l'art cinétique.

L'art cinétique à l'École des Beaux-Arts de Poitiers

L'art cinétique (initié par Vasarely en 1955, avec Calder, Pol Bury, Tinguely...) marque l'avènement public d'une esthétique fondée sur la notion d'œuvres transformables, par le mouvement, le temps ou le regard du spectateur...

Un cinéma engagé au Festival de Royan

D'abord cantonné au « off » des semaines d'animations, le cinéma est admis officiellement au Festival en 1973. Grâce au rôle prépondérant de Janine Euvrard, la programmation cinéma est placée sous le signe de l'ouverture. Il s'agit d'élargir les perspectives, de faire éclater frontières et contraintes, d'éviter étiquettes et catégorisations, et surtout, d'intéresser un plus large public à cette discipline... Janine Euvrard présente tout au long des festivals des pans entiers de l'histoire du cinéma : cinématographies oubliées, mineures, minoritaires et contestataires. Faisant aussi la part belle à l'Ailleurs : l'Amérique Latine, le Proche-Orient, le Japon, l'Afrique noire, l'Europe de l'Est...

Le spectacle vivant

Théâtre NoToutes les œuvres montrées à Royan sont en relation avec une certaine idée commune aux avant-gardes de cette époque, à savoir, «l'indépendance vis-à-vis du contenu narratif ». 

La danse à Royan conquiert son public grâce à des spectacles où l'académisme de la technique est souvent compensé par le recours à des musiques modernes, ou des sujets inhabituels pour le monde de la danse classique : du jazz pour les ballets Félix Blaska et Alvin Ailey, à la musique contemporaine pour Maurice Béjart qui débute sa collaboration avec Pierre Henry, ou pour les danseurs transfuges de l'Opéra de Paris qui forment le Théâtre du Silence en 1971. Les arts vivants orientaux, comme la danse indienne, le Nô, ou le théâtre d'ombres, offrent une partition gestuelle difficile à déchiffrer pour le spectateur occidental royannais, habitué à une relation entre son et mouvement obéissant à une autre symbolique. 

Le théâtre, dont Beckett va révéler le mutisme possible, sera proposé par Renaud-Barrault à Royan dès 1967, de même que la relecture de certaines tragédies antiques dont une formidable Médée, jouée par Maria Casarès. Toutes ces manifestations spectaculaires, présentées souvent en avant-première nationale et suscitant régulièrement le scandale, initient le public du Festival de Royan à un nouveau langage, une nouvelle façon de « raconter », sans paroles, ni périphrases, ce qui deviendra les bases du spectacle vivant contemporain.

La danse au Festival de Royan, quelques temps forts

  • 1965 : Alvin Ailey Dance Theater

« ...La fascinante puissance physique de ce groupe d'ébène, dont les gestes se déroulaient comme les sons harmonieux d'une mélodie, a produit sur le public un étrange envoûtement.... ». 

  • 1969 : Ballets du XXe siècle 

« La danse est de la musique visuelle » (Maurice Béjart).

  • 1969 : Ballets Félix Blaska.
  • 1972 : Théâtre du Silence

 « Sur une musique de NGuyen Thien Dao qui donne l'étrange sensation de dilater le temps, Jacques Garnier trace sous forme de flashes quelques-unes des grandes étapes de la vie d'un couple. Lui-même et Brigitte Lefèvre interprètent avec gravité ce poème dansé où tout est esquissé, suggéré, mais où chaque mouvement est riche de contenu, d'intensité et de portée...»

Les arts vivants orientaux au Festival de Royan, quelques temps forts

  • 1969 : Bharata Natyam, danse indienne, avec Yamina Krishnamurti. 
  • 1971 : Théâtre d'ombres de Malaisie 

« Imaginez un écran carré de quatre mètres de côté, légèrement surélevé, placé au milieu de la salle. Les spectateurs, installés à même le sol, changent de place selon leur désir afin de participer aux divers aspects du spectacle. D'un côté apparaissent les ombres, colorées, de l'autre, se tiennent l'orchestre et le dalang. C'est le maître, c'est lui qui fait évoluer les figurines de cuir, articulées, plates, en les plaquant plus ou moins contre l'écran éclairé, et cela tout en contant le Ramayana, une légende venue de l'Inde, dont la narration intégrale demande... deux cents heures. »

  • Théâtre Nô - La troupe de Umewaka Hashioka

« Ce fut un énorme succès. Pourtant ce spectacle coupé de cris comme ceux des panthères amoureuses, comme le disait Messiaen, apporte probablement beaucoup de tragique, mais sublimé par la beauté plastique. »

Le théâtre au Festival de Royan, un temps fort

  • 1967 : Médée de Sénèque 

Jorge Lavelli, metteur en scène : « Pour moi, la Médée de Sénèque est la plus forte, la plus cruelle et la plus « humaine » des tragédies que je connaisse sur ce thème. »

 

En savoir plus : Festival International d'Art Contemporain de Royan 1964-1977 de Henri Besançon aux Éditions Bonne Anse.

 

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