Cartes d'identité

C'est vers 1840, à l'époque où apparaît le premier grand périodique consacré à l'architecture, que certains architectes et entrepreneurs parisiens prennent l'habitude d'offrir une carte d'identité à leurs réalisations, en inscrivant leurs nom et fonction quelque part sur la façade ainsi identifiée comme une œuvre à part entière. Se diffusant de manière très inégale en province, cette habitude est reprise par les principaux architectes et entrepreneurs de Royan à la fin du XIXe siècle. Pour certains, comme Henry Boulan ou Maurice Senusson, elle devient une vraie stratégie de marketing. Placées avec l'accord du propriétaire dans un endroit facilement repérable - le plus souvent à proximité de la porte d'entrée -, ces signatures fonctionnent comme une véritable carte d'identité. D'abord peintes au pochoir, elles sont ensuite gravées sur une pierre de taille, avant de prendre différentes formes (plaques fixées, mosaïques...). À l'instar des architectes et des maîtres d'œuvre, certains fournisseurs de matériaux et artisans locaux, comme les entrepreneurs de monuments funéraires ou le serrurier Armand, prennent eux aussi l'habitude de laisser une marque identitaire pour la postérité. Particulièrement fragiles, ces signatures doivent aujourd'hui impérativement être conservées. En effet, elles constituent un élément essentiel de notre patrimoine, dans une ville qui a eu le malheur de perdre la plupart de ses archives lors des douloureux événements de 1945.