Honneur aux conduits saufs

Organe évidemment fragile et de nos jours souvent considéré comme inutile, le conduit de cheminée fait partie intégrante des éléments que décline l'architecture de la fin du XIXe siècle. Bien qu'elles ne soient en principe occupées que durant les beaux jours, les villas ont intégré le conduit de cheminée dans leur vocabulaire décoratif. La saison estivale jouant autrefois volontiers les prolongations jusqu'à la mi-octobre, les pièces principales étaient communément dotées de cheminées d'appoint. Comme les élévations, le conduit de cheminée de la villa s'est rapidement libéré des contraintes qui lui étaient imposées par les modèles urbains pour devenir un élément décoratif à part entière. L'utilisation de la brique et de la pierre a permis de leur donner des formes variées et colorées que viennent parfois couronner des éléments en terre cuite, produits en série. Très vite, l'individualisme a poussé architectes et entrepreneurs à rivaliser d'imagination pour le dessin et l'appareillage des conduits. Signe qu'ils sont dévoyés, certains conduits jouent les prestidigitateurs en venant ponctuer, ici ou là, quelque travée*. Fier de son nouveau statut, le conduit de cheminée ne s'est pas contenté du rôle de faire-valoir des toitures. S'inspirant des modèles qui étaient alors diffusés par les périodiques, quelques architectes locaux, au premier rang desquels Henry Boulan, ont proposé, dans les premières années du XXe siècle, de s'en servir pour animer les élévations, qu'elles soient latérales ou principales, donnant ainsi leurs lettres de noblesse à ces éléments avant tout utilitaires et aujourd'hui si décriés.
 

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