Élégantes marquises

Héritière d'une longue tradition vernaculaire, la marquise peut se définir comme un auvent vitré à charpente de fer. Destinée à protéger la principale porte d'entrée, elle s'interprète comme l'aboutissement d'une habitude ancestrale qui voulait que tout visiteur puisse être abrité par un appentis en bois qu'on nomme communément « ballet » en pays charentais, avant de franchir le seuil d'une maison digne de ce nom. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'ère industrielle fait voler les codes en éclat. L'appentis en bois devient vil, face aux avancées techniques qui permettent de substituer au bois, à la tuile ou à l'ardoise, le métal et le verre, deux matériaux qui deviennent rapidement synonymes de modernité et que s'empressent de mettre à l'honneur nombre de propriétaires de villas. Parfois acheté sur catalogue, parfois conçu sur mesure, cet auvent nouvelle formule devient la marquise. Élément utilitaire par excellence, la belle marquise, qui se doit d'accueillir tout visiteur en lui proposant de se réfugier sous ses élégantes dentelles de verre, gagne très vite ses galons de poncif de l'architecture bourgeoise. Mais, devenue de nos jours obsolète, elle a parfois mal vieilli, quand elle n'a pas tout simplement disparu. Il faut s'y résoudre, la marquise est désormais passée de mode, si bien qu'elle est boudée, et que, dans le meilleur des cas, on ne la regarde plus que d'un œil distrait, elle qui, au XIXe siècle, avait su jouer les aristocrates pour mieux s'attirer les faveurs de la bourgeoisie !
 

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