Primavéra

Le promeneur qui parcourt le sentier des Douaniers ne manque pas d'admirer au passage l'architecture si particulière de Primavéra, vaste villa qui domine la minuscule plage du Concié et ses carrelets.

 
Primavéra
Le sculpteur Jean-Adrien Barbot, qui s'était illustré sur le chantier du casino municipal, 
a réalisé les décors extérieurs de la villa Primavéra, Photo de Frédéric Chasseboeuf
 

Une multitude d'arcatures en plein cintre, de voussures, de colonnettes et de chapiteaux sculptés inspirés par l'art religieux en font un des édifices les plus intéressants de la Côte de Beauté. Ici l'exubérance de la sculpture néo-romane des façades a supplanté la mode des appareillages brique et pierre et le mélange des matériaux de différente nature donnant des couleurs chatoyantes, selon un principe cher à l'architecture balnéaire. Le calcaire blond des façades de Primavéra prend du relief grâce à ses sculptures qui accrochent les ombres et les lumières et plus particulièrement les tons chauds lorsque le soleil se couche.
Un examen minutieux des façades révèle que cette villa n'a pas été élevée d'un seul jet. Sa partie sud-est, coiffée d'ardoises, forme le noyau primitif. Il s'agissait d'une villa de la fin du XIXe siècle, conçue comme quelques-unes de ses voisines sur un plan traditionnel en «L», avec un pignon à l'extrémité sud-est. Au début du siècle suivant, les façades initiales furent masquées par un décor néo-roman en pierres de taille qui assure l'unité de style avec la partie ajoutée au nord-ouest, terminée par un toit en terrasse.

Balley et Baudet. Ces travaux, commencés en 1905, sous la conduite de l'architecte Félicien Balley installé depuis peu à Saintes, qui venait d'ouvrir une agence à Royan, mais dont le renom était déjà important, furent effectués à la demande d'un économiste et banquier établi à Paris, Louis-Jean d'Auby (Bordeaux 1856, Saint-Palais-sur-Mer 1928), et de son épouse Marie-Gabrielle Ducreux, tombés sous le charme des côtes rocheuses de Saint-Palais et de l'architecture des églises romanes de Saintonge depuis quelques années puisque dès 1892, Louis-Jean d'Auby, qui occupait alors le poste de directeur de la Caisse d'Epargne des Retraites et qui demeurait à Paris, 16, place Vendôme, avait déjà fait acheter par un mandataire, l'architecte parisien Henri Van Goëns, une parcelle de terrain située près de la tour Terre-Nègre. Le chantier, méticuleusement surveillé par Félicien Balley, homme actif et à la pointe du progrès puisqu'il y venait régulièrement au volant de son automobile, fut confié à l'un des meilleurs entrepreneurs royannais du temps, Gustave Baudet. Ce dernier paraît y avoir travaillé en étroite collaboration avec un sculpteur local renommé, Jean-Adrien Barbot, qui s'était auparavant illustré au casino municipal de Royan dont il avait ciselé tous les délicats décors extérieurs. Fausse crypte.

Couvert d'un toit-terrasse, le grand corps de bâtiment qui fut ajouté à l'ouest de la villa primitive pour Jean-Louis Aubry comprend trois niveaux. Le premier, enterré et communiquant avec les caves de la première villa, cache une fausse crypte romane dont le volume est coupé par quatre larges colonnes. Le second comprend une grande salle d'apparat rectangulaire et voûtée, orientée est-ouest, accompagnée de faux collatéraux délimités par des faisceaux de colonnes et qui ouvre au sud sur une terrasse couverte dotée de trois arcades en plein cintre et à l'ouest, sur une loggia éclairée par cinq baies dont les linteaux en plein cintre prennent appui sur des colonnes néo-romanes à chapiteau. Le troisième niveau refermait des espaces plus intimes. Louis-Jean d'Auby y avait fait aménager sa chambre dans l'angle sud-ouest. Il s'agissait d'une petite pièce à alcôve, délimitée par quatre colonnes et ouvrant sur un imposant balcon dominant la mer. Depuis le palier du premier étage, cette chambre, qui ouvrait au nord-ouest sur une loggia d'où Louis-Jean d'Auby pouvait admirer, en été, le spectacle que lui offraient de superbes couchers de soleil, était précédée par un long dégagement, un boudoir, un cabinet de toilettes et un cabinet de travail.

 

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