1900-2000, naissance, vie, mort et résurrection

Ces carrelets à poste fixe ont donc commencé, vers 1900, à investir les emplacements les plus faciles à utiliser : quais, digues des ports, avancées de rochers surplombant la mer, ainsi que les « trous » des falaises de Meschers qui offraient à la fois des plates-formes pour les « bâtons de perroquet » et des abris pour les pêcheurs. Très vite cette recherche de l’emplacement idéal va entraîner la construction d’installations plus complexes.

 

Illustration panneau 5

Ci-dessous : Traité général des pêches.
Le carrelet sur ponton est peut-être né
à Saint-Palais, il y a quelques 250 ans.

Carrelet panneau 5

 

Les premières pêcheries sur estacades étaient apparues il y a un peu plus de 200 ans. « On fait au petit port de St-Palais, qui est dans l’Amirauté de Marennes, un établissement singulier et qui mérite d’être décrit, écrivait Duhamel Du Monceau. Les pêcheurs de ce petit lieu ont imaginé de faire un échafaudage sur des rochers d’où ils peuvent mettre à la mer des chaudrettes (sortes de balances) dans lesquelles ils prennent beaucoup de crevettes… Cette pêche ne se fait que de haute mer et seulement depuis les mois de Mars et Avril jusqu’à fin de Juillet ».

Sur la côte de l’estuaire, vers 1910, on trouve à Meschers quelques grandes passerelles à la pointe de Diou, sous l’ancien corps de garde des Douanes. Avec ces carrelets, on pouvait débuter la pêche dès le montant et terminer le plus tard possible au descendant. Le long de cette passerelle on faisait pendre des balances pour la pêche à la crevette. Le filet est toujours une nappe carrée, soutenue par des arceaux en bois d’acacia, réunis par une « tête de mort ». Les courants violents ayant tendance à resserrer les arceaux, il furent alors remplacés par un cadre métallique. Toutes ces installations coûtaient cher et il fallait pour se livrer à ce passe-temps de l’argent et du temps libre. Si on constate une période de stagnation pendant la seconde guerre mondiale, les carrelets encore en état retrouvent en 1945, pour faire face à la pénurie, leur rôle de pêche de subsistance.

Désir de reconquête de l’espace littoral, de renouer avec l’avant guerre, de profiter de l’augmentation du temps libre, tout cela se conjugue pour favoriser la prolifération des carrelets. L’auto construction se développe ; involontairement, l’E.D.F. apporte une aide précieuse à la construction des pontons de pêche : en remplaçant les poteaux électriques en bois par des poteaux en béton, E.D.F. met sur le marché, à bas prix (10-12 francs le poteau) le matériel pour construire des passerelles de grande dimension. En quelques années les falaises se peuplent d’estacades de plus en plus longues, notamment à Meschers et à la pointe du Caillaud à Talmont.

 
 

Le paysage en est radicalement transformé. Et c’est cette transformation du paysage qui va amener certaines menaces sur ces malheureux carrelets. La pêche au carrelet, loisir individuel, se trouve confrontée à l’expansion touristique de masse et aux loisirs collectifs et organisés.Il fut une période où certains organismes touristiques ont considéré que les carrelets, ouvrages utilitaires, dénaturaient les paysages naturels. Ils suscitaient l’hostilité de certains écologistes (qui y voyaient en plus une cause de la raréfaction du poisson !), des pêcheurs professionnels craignant la concurrence des amateurs, et de certains technocrates de Bruxelles ou d’ailleurs.

 

Les carrelets étaient devenus des mal-aimés ! En même temps, les carrelets connurent une certaine désaffection, due à l’émergence de nouvelles formes de loisirs, et à la raréfaction du poisson. Certaines installations furent abandonnées et se dégradèrent. Face à cette situation, un certain nombre de voix, à l’instar de Michel Crépeau, s’élevèrent pour la défense des carrelets. On commença à s’apercevoir qu’ils étaient devenus, petit à petit, un élément incontournable du paysage côtier. Et quand la tempête les eut fait disparaître, on se rendit alors compte que c’était leur disparition qui avait défiguré nos rivages ! Le monde du tourisme plaide pour la reconstruction des carrelets disparus et réclame, avec les propriétaires, des aides financières pour la reconstitution de ce paysage. En un siècle, les carrelets ont conquis, contre vents et marées, contre les tempêtes et l’animosité de certains, leur appartenance au patrimoine de notre région.

 

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