Histoire de mon village natal

Par Guy Binot, le 29 mai 1996

Le Chay est un peu à l'écart du centre entre Foncillon et Pontaillac, ce qui lui a valu d'être souvent oublié dans les documents historiques ou touristiques. Mais comme j'y suis né, j'aimerais réparer cet oubli bien injuste pour ce petit village si discret.

 
La Conche du Chay

Les origines

Le nom du Chay semble venir de chail, pierre ou caillou en celte, ce qui rappellerait l'existence d'une pierre sacrée, dolmen ou menhir, aujourd'hui disparue. La plus ancienne mention, sous la forme Caium, figure en 1213 dans la charte latine en 835 de l'abbaye Saint-Etienne de Vaux selon laquelle un legs est fait par Pierre de Didonne, au Chay sur la place publique, juste à côté du bois. Il y a bien sûr un autre Chay près de Saujon mais, selon une étude de l'abbé Th. Grasilier en 1871, il s'agit bien du petit village totalement séparé de Royan, à quelques centaines de mètres à l'ouest près de la conche du même nom. Les conches ont souvent changé de nom, par exemple, en 1551 le document sur l'étude d'un port à Royan cite les conches suivantes: Faussillon, Foncillon, à un jet d'arbalète de la ville, Pont-Robert qui doit donc être la conche du Chay à trois ou quatre portées d'arbalète, puis le Petit-Chay, donc la conche du Pigeonnier, enfin Pontaillac.

La première mention du village Le Chée sur une carte figure dans celle du géographe de l'Isle en 1674 avec sa pointe rocheuse. Le grand géographe Claude Masse en 1706 indique dans ses excellentes cartes sur la Saintonge, le village Le Chay près d'un bois au milieu des champs, il s'agit donc d'un hameau de paysans. Fossillon, ou Foncillon, est appelée conche de Gué l'Amy sur une autre de ses cartes; celle du Chay est alors la conche de Nigoniers, et la conche du Pigeonnier est la conche de Roussas. La pointe rocheuse qui sépare Foncillon du Chay est celle de Guet Lamy, celle entre le Chay et le Pigeonnier est la pointe du Chay proprement dite.

Un endroit stratégique à l'entrée de l'estuaire

Le maréchal de Senectère nommé gouverneur de la Saintonge en 1755 réorganise la défense de l'estuaire. Grâce aux progrès de l'artillerie, il envisage d'interdire l'entrée de l'estuaire par les feux croisés des canons de Royan et de la Pointe de Grave. Dans ce but il fait construire une batterie de huit canons à Guette-Lamy, donc à l'est de la conche. Cette pointe rocheuse de Guet Lamy, GuéLamy, ou Guette l'Amy, doit sans doute son nom aux femmes venues y guetter le retour d'un marin parti en mer; proche de Royan elle domine l'estuaire et offre une vue très dégagée sur toute l'embouchure du fleuve. C'est un emplacement stratégique bien meilleur que l'ancienne ville fortifiée située à Foncillon. Les cartes de Belleyme et de Cassini, relevées au milieu du XVIIIème siècle, mentionnent à côté du village du Chay, un lieu-dit: Le Pigeonnier, qui devait appartenir à un noble car seuls ceux-ci étaient autorisés à posséder un pigeonnier.

Le Conseil d'Etat décide de construire en 1770 une tour en pierre de 80 pieds, soit 26 mètres, au Chay. L'alignement de cet amer, balise fixe sans feu, avec le clocher de Saint-Pierre indique aux marins la passe du Sud ou de Grave entre Cordouan et le Médoc. Quelques années plus tard, cette tour posera un problème car son escalier intérieur usé s'est transformé en un simple plan incliné très fatigant, de plus elle affaisse le terrain d'un voisin et occasionne des tourbillons de vent qui abiment la toiture de sa ferme.

Durant la Révolution, la batterie de Guette l'Ami est remise en état, puis rebaptisée Fort Républicain pendant la Terreur. Armée de 8 pièces de 36 livres, de mortiers et d'un fourneau à reverbère qui sert à rougir les boulets afin d'incendier les navires alors en bois, ses canonniers du pays sont cependant jugés incapables de tirer un seul coup de canon.

Sous l'Empire, le dimanche 25 août 1811 une bataille navale devant le fort tourne à la déroute de notre marine. Sur les deux navires de guerre français engagés, l'un est pris avec sept navires marchands et l'autre incendié dans la conche de Royan. Napoléon, furieux, ordonne une enquête. Il déclare qu'il n'y a pas, en France, un point plus intéressant que l'embouchure de la Gironde, et fulmine contre l'affreuse méthode de confier la garde des côtes à des paysans. Pour s'éviter de nouveaux affronts, il fait transformer la simple batterie du Ché en un véritable fort ceinturé de fossés, dénommé le fort de Royan, avec 24 bouches à feu servies par une compagnie d'artilleurs.

Devant la menace des troupes anglaises qui remontent d'Espagne et devant la suprématie insolente de leur marine en Gironde, le fort de Royan est évacué par les militaires français dans la nuit du 7 avril 1814. Les habitants, ne voulant pas rater une si belle occasion, s'y précipitent en foule pour tout piller dès le lendemain matin, juste avant l'arrivée des 600 matelots et soldats anglais qui débarquent à quatre heures du soir. L'occupation ne dure que dix jours, mais en partant les Anglais détruisent le fort et brûlent tout. Après les Cent Jours, la marine anglaise occupe à nouveau le fort les 13 et 14 juillet 1815 et ses marins débarqués renversent les canons, emportent douze gros affûts de côtes, incendient les autres et jettent les poudres à la mer. Dans ces derniers jours de l'Empire, Royan a failli sauter car les officiers bonapartistes du fort, les "satellites du tyran, bourreau de la France et nouvel Attila" selon les royalistes, ont tenté de mettre le feu à trente barils de poudre, plus des caisses d'artifices et de boulets creux mais heureusement les mèches se sont éteintes.

La mode des bains de mer

La paix revenue, Royan connaît le succès avec la vogue nouvelle des bains de mer. L'arrêté historique du 20 juillet 1819 stipule que les nageurs ou baigneurs qui, par leur nudité, insultent à la décence publique, ne peuvent se baigner ainsi que dans certaines parties peu peuplées comme la conche du Chay, ce qui est indiqué sur un poteau placé exprès. S'il n'y a pas grand monde, par contre les champs qu'il faut traverser pour s'y rendre depuis Royan sont pleins de vipères.

Le cadastre de 1839 montre qu'il n'y a toujours rien de construit autour du village du Chais si ce n'est le fort, la maison de son gardien, la tour avec la ferme à proximité, et le village de cultivateurs lui-même entouré de champs qui s'appellent le Grand Maine, la pièce des Chevaux et le Champ des Bois. Quant au rond-point du Chay, y aboutissent la rue du village, les chemins de Royan, de la métairie, de Pontaillac et de Tapin-Nègre, il porte alors le nom de la Cafourche du Chais. Une construction est signalée au Champ des Oiseaux, il peut s'agir du chalet des Perpigna qui serait dans ce cas la première construction balnéaire du quartier; le moulin de Bon Compte est situé juste à côté.

Le Second Empire fait du fort du Chay en 1853 un poste militaire avec trois zones définies avec la précision militaire à 250, 487 et 584 mètres. Dans la première, toute construction est interdite, dans les autres les constructions sont soumises à des restrictions. Cela y arrête net tout développement immobilier. Le fort, équipé d'une caserne voûtée et crénelée et de nouvelles pièces de canons, mérite d'après un guide de 1869, la visite de messieurs les étrangers, mais il faut demander une permission au gardien. A cause de ce fort Royan est place de guerre; en 1878 une puissante artillerie de marine y est installée et restera en place jusqu'à la Seconde guerre mondiale.

Ernst dans son ouvrage sur Royan en 1856 signale deux conches jumelles, celle du Chay et celle de Rousseau, le Pigeonnier, bien proche de son ancien nom de Roussas; dans sa carte de la ville il n'indique au Chay que le village, toujours séparé de la ville, le fort, la tour et le chalet du Champ des Oiseaux. A la conche du Chay il n'y a guère que des hommes qui se baignent car les vagues y sont très fortes; ils sont toujours autorisés en 1860 à s'y baigner sans être tenus de se vêtir d'une manière quelconque. Quand peu après la conche est ouverte, par la galanterie du conseil municipal, à l'un et à l'autre sexe, un ancien maître-baigneur de Pontaillac surnommé Mylord installe l'établissement "A la Renaissance". Composé de jolies cabanes, il attire une clientèle anglaise logée à la jolie ferme du Chay. Un splendide bois de chênes descend jusqu'au fort, bois dont le sol est jonché de violettes au printemps, ce qui lui vaut le nom de bois des violettes. Le Monde Thermal décrit ces deux petites conches gracieusement dessinées en croissant et protégées par des rochers gazonnés qui en forment l'enceinte.

Deux phares sont construits en 1873 pour remplacer les amers. Le phare du Chay est situé très près de la côte entre les deux conches; haut de 19 mètres, de forme carrée et peint en blanc, il est coiffé d'un toit noir qui ressemble à un bicorne de gendarme de l'époque. L'alignement de son feu avec celui du phare de Saint-Pierre, curieusement zébré de bandes rouges et blanches, indique la passe du Sud de la Gironde.

Les aménagements de la Belle Époque

Le Phare Littéraire de juillet 1877 nous apprend qu'un grand propriétaire du Chai, distribue ses vastes terrains d'une façon intelligente, avantageuse pour lui et pour sa ville natale. Il y ouvre de larges voies qu'on lui impose de faire converger vers le fort. Il a soin de donner à ces rues les noms les plus pacifiques, les plus inoffensifs: rue de l'Espérance, rue de la Paix, boulevard de l'Océan, belles avenues qui aboutissent à une place de la Concorde. Le Phare ajoute que cela semble esquisser le cadre bien compris d'une cité de villégiature balnéaire qui ne saurait tarder à se bâtir, et que cette place de la Concorde réclame un ornement qui devrait être le buste en marbre ou un médaillon de Tibulle, officier romain, poète et chantre de la paix qui a mentionné les rivages de l'Océan saintongeais. Toujours d'après la Phare, "cet acte solennel de clémence d'une cité santone prouverait, en outre, une fois de plus que les fils de la Gaule amnistient de grand coeur leurs envahisseurs... d'il y a dix-neuf siècles". Si les nouvelles rues figurent sur tous les plans de Royan de l'époque, aucun n'indique cette place de la Concorde. Ce grand propriétaire est le docteur Lucazeau qui propose de construire un casino Eldorado dans les 6.000 m2 du bois haute-futaie de la tour du Chay qui lui appartiennent. Ce bois situé entre l'avenue de Pontaillac, le boulevard de l'Océan et les rues de l'Union et de la Paix est évalué à 25.000 francs mais il est jugé trop petit. Le docteur Lucazeau offre de nouveaux terrains, en tout 11.000 m2 pour une valeur de 50.000 francs, qui doit représenter la moitié de l'investissement de cet Eldorado qui ne verra jamais le jour.

L'abbé Th. Grasilier précise que le bois, mentionné dans la charte latine du Moyen Age, a encore en 1871 son aspect primitif: on le croirait un lambeau de quelque forêt vierge, vu de la mer, il forme avec le village un tableau gracieux. A l'époque le village du Chay, avec ses jardinets rustiques, intéresse ceux dont les goûts sont restés idylliques et champêtres. Son petit bois, près de la tour, semble être la dernière fraction de quelque forêt vierge, les allées n'y sont point tracées, ni les arbres façonnés, tout y est primitif. Sa petite conche exposée en plein à la vague du large, encore un peu retirée et primitive, son gros rocher au milieu est qualifié d'autel de roche invitant les nageurs à un temps de repos, tandis que sa grotte offre à l'isolement un délicieux réduit.

En 1882 le gouvernement réduit les servitudes du fort, à une zone unique de 200 mètres, annulant toutes les autres restrictions, ce qui relance l'immobilier au Chay. L'architecture balnéaire gardera toujours un style plus discret qu'à Pontaillac. Un recensement en 1885 donne 331 habitants au Chay pour 1.622 au centre ville.

Début août 1890 le petit tram Decauville atteint le Chay par le boulevard Carnot, le mettant en liaison directe avec la ville, ce qui est très utile à une époque où la majorité des habitants sont des piétons. Puis le Chay est doté d'un château d'eau et à cette occasion la rue Bel Air devient la rue du Château d'eau et le boulevard du Chay prend le nom de l'ingénieur Louis Lair qui a amené l'eau courante à Royan. Par suite d'un changement survenu dans la passe du Sud, l'ancien phare carré est éteint en 1897 mais conservé comme amer, et un nouveau feu est allumé sur l'ancienne tour dont la hauteur est réduite afin que son feu puisse être vu en alignement avec celui de Saint-Pierre.

Le charme discret d'un village champêtre et d'une plage familiale

A la Belle Epoque, Henri Clouzot décrit longuement le Chay dans Les plages d'or. Blottie sous les canons du fort qui servent uniquement à tirer des salves lors des manœuvres de l'escadre, la conche est comme un nid de mouettes dans une anfractuosité de la falaise. C'est la plus familiale des plages de Royan, les initiés seuls la connaissent et on ne trouve nulle part autant de pâtés de sable, ni de fortifications à triple vallonnement. Si le sable fin qui la tapisse appelle les pieds nus, elle est si menue qu'il a fallu suspendre les cabines au flanc du rocher; alignées sur le sable, elles n'auraient pas laissé de place pour les baigneurs. Cette position surélevée n'a pas empêché une grande tempête de les détruire lors de l'hiver 1899.

Ces baigneurs, qui semblent tous se connaître, sont nombreux, ils viennent des villas aux couleurs trop voyantes qui essaiment le plateau jadis désert, des chalets qui bordent les larges avenues, des maisons blanches du vieux village. Beaucoup d'acteurs et d'actrices ont adopté la plage du Chay depuis que le critique de théâtre du journal Le Temps, Francisque Sarcey, l'avait mise à la mode. Clouzot ajoute que l'annonce de sa seule présence dans cette baignoire naturelle faisait courir des frissons sur la nuque des petites baigneuses qui, dans l'espoir de se faire remarquer, rectifiaient immédiatement la position. La plage du Pigeonnier, avec ses carrelets sur les rochers, est la plus ignorée avec deux seules villas, dont Robinson, l'ancienne hydrothérapie de Foncillon amenée là pierre par pierre. On trouve aussi les restes d'une belle forêt qui va de la métairie de Pontaillac jusqu'au Chay, où habitent des milliers de petites chauve-souris.

Pour Victor Billaud la conche du Chay, à l'abri du vieux fort taciturne, a beaucoup d'animation avec ses belvédères et ses cabines, ses beaux rochers, ses futaies ombreuses, son terrain de concours hippique, son tir au pigeon et ses tennis, tous implantés au tournant du siècle. Quant à la conche du Pigeonnier, elle s'arrondit au fond d'un cirque fouillé par la mer, avec un petit bois agrafé à sa ceinture comme un bouquet joyeux.

Dans les années trente, Paul Dyvorne parle toujours de ce bois de chêne désert derrière Pontaillac qui donne l'impression d'une réduction du bois de Boulogne dont le rond-point du Chay serait la porte Maillot, il trouve beaucoup de charme à ce méandre de verdure, cette forêt solitaire d'autrefois qui représente un coin du Royan ancestral. Jean Rataud trouve à la conche du Chay un charme romantique d'où l'horizon n'est plus borné et le regard se perd dans l'immensité de la mer. Quant à la conche du Pigeonnier, elle est un peu popote dans sa simplicité et n'a aucune cabine de bains.

L'établissement balnéaire Bataillon de la plage du Chay se modernise avec de nouvelles cabines de bains toujours construites sur les rochers, ce qui laisse au-dessous un coin d'ombre bien agréable pour les grand-mères qui peuvent ainsi surveiller leurs progénitures sans subir les assauts du soleil. Ce Chay de mon enfance restait un vrai village à l'écart de la ville, avec ses conches réservées aux riverains, son bois impressionnant derrière le rond-point, ses vieilles maisons autour de la place, et ses villas éparses maintenant nombreuses sur la côte. Les commerçants livraient leurs clients à domicile avec de petites charrettes, et tout le monde se connaissait et se fréquentait, même lors de l'invasion estivale des baigneurs.

En 1938, Royan s'inquiète, non sans raison, du maintien de l'armement au fort qui menace la ville d'une destruction complète en cas d'hostilités. C'est à ce moment que le maire Paul Métadier fait acheter par la ville l'imposante villa des Palmiers avec son grand parc, appartenant aux Sarlin, sur l'avenue de Pontaillac pour en faire un collège de jeunes filles.

Un élément du mur de l'Atlantique

A partir de juin 1940, c'est une autre invasion, les baigneurs sont remplacés par les occupants. Le Chay vit ces cinq années grises comme le reste de Royan, mais en outre beaucoup de villas proches du fort, sont réquisitionnées et les militaires allemands y sont alors plus nombreux que les Royannais. Les occupants remplacent les vieux canons de marine du fort par une puissante artillerie anti-aérienne, puis construisent des abris bétonnés. Le fort est intégré dans le Mur de l'Atlantique puis de la forteresse "Nord-Gironde". Les habitants voisins sont aux premières loges lors des alertes aériennes de plus en plus nombreuses quand les avions anglais viennent poser des mines la nuit en Gironde, les tirs allemands illuminent le ciel nocturne avec leurs balles traçantes, ce qui offre parfois un spectacle, inquiétant, bruyant, mais parfois beau comme un feu d'artifice.

Le 12 septembre 1944 la forteresse allemande devient une poche assiégée par les F.F.I., les plages sont équipées d'ouvrages de défense minés contre un débarquement éventuel. Peu à peu, beaucoup des habitants sont forcés de quitter la poche, c'est notre cas le 18 novembre suivant. Il reste malheureusement encore trop de monde quand à 4 heures 10 du matin, le 5 janvier 1945, le ciel tout illuminé par une profusion de fusées rouges et vertes, les premières bombes pleuvent. Une partie du quartier est durement touchée et de nombreux morts y sont recensés. Suite à la destruction de l'ancienne mairie de Foncillon, une mairie provisoire est ouverte aux Palmiers. Déserté après l'évacuation de la ville, le Chay subit un nouveau bombardement, en particulier avec des bombes incendiaires au napalm le 14 avril, le fort est totalement détruit, le quartier aussi. Libéré par le 48e Zouave deux jours plus tard, ce n'est plus qu'un champ de ruines désertes, des pans de mur marquent l'emplacement de notre maison.

Renaissance du Chay, quartier résidentiel et touristique

La paix revenue, le quartier se remet à vivre quand les premiers habitants rentrent. Il n'est pas aussi totalement rasé que le centre de la ville et quelques villas peuvent être réparées. La mairie est transférée dès la Libération à la villa des Palmiers, un déménagement provisoire qui dure toujours puisqu'en 1950 la construction du centre administratif prévue sur la place centrale est définitivement abandonnée. Quant aux services locaux du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, ils s'installent à la villa Marquisette, près du rond-point du Chay.

Le premier plan d'urbanisme de Claude Ferret prévoit le port devant les conches du Chay et du Pigeonnier afin de libérer entièrement la Grande Conche, mais le conseil municipal refuse ce projet beaucoup trop cher. Un remembrement du quartier est quand même prévu, avec comme axe le boulevard Louis Lair prolongé jusqu'au parc de Foncillon, pour permettre le relogement des sinistrés n'ayant pas retrouvé leurs résidences au centre. Si ce prolongement du boulevard Louis Lair est bien réalisé, le remembrement envisagé est abandonné, la plupart des villas sont reconstruites sur leurs anciennes parcelles aussi le quartier reprend vie assez rapidement. Il se remplit d'ensembles immobiliers et de villas qui ont peu à peu envahi tous les emplacements disponibles, même le vieux bois millénaire disparait peu à peu. Les deux anciens phares ayant été détruits lors des bombardements, un nouveau phare rond est reconstruit en 1960 sur l'emplacement de l'ancienne tour, quand la passe sud est déminée et recouverte. Le phare carré n'est pas reconstruit et a simplement laissé son nom à la rue du Phare du Chay. Les terrains du vieux fort en ruines sont démilitarisés et plusieurs projets immobiliers sont successivement abandonnés sous la pression des actions en justice de l'association de défense du quartier du Chay.

Les magnifiques jardins du Garden-Tennis sont rachetés par la ville puis, après un accord avec les écologistes, c'est seulement en 1991 que la thalassothérapie Nouveau-Cap y ouvre ses portes près de l'hôtel Novotel et seule l'avenue du Fort rappelle son long passé militaire. Quatre ans plus tard, un magnifique chemin piétonnier permet aux promeneurs de suivre la côte en toute sécurité et les deux conches, qui ont réussi à conserver leur écrin naturel de rochers sauvages battus par les vagues, ont repris leur vocation touristique. La conche du Chay conserve son énigme, le buste de femme sculpté dans les rochers, buste censé représenter pour certains une déesse gauloise. Les Antiquités Nationales consultées ne peuvent le confirmer par manque d'éléments permettant une datation certaine; il peut s'agir d'une divinité gauloise, mais il est plus probable que ce buste soit l'oeuvre de quelque militaire désoeuvré basé au fort.

Il suffit de regarder un plan pour s'apercevoir que le Chay est un quartier totalement intégré dans la ville, son centre administratif avec la mairie, un centre touristique important avec le Garden-tennis, la thalassothérapie et ses conches, tout en restant un quartier résidentiel de qualité qui a su conserver son charme, son calme et sa verdure.

 

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