Un bow-window pour voir et être vu

Partie en appendice sur une façade, destinée à prolonger l'espace intérieur vers le jardin, le bow-window est l'exemple même d'un élément emprunté à l'architecture anglo-saxonne, lorsque le modèle de la villa de type cottage s'est diffusé en France, dans le dernier tiers du XIXe siècle, par le biais des catalogues et autres périodiques consacrés à l'architecture. Le plus souvent associé à une pièce de réception, dont le plan se laisse aller à quelque fantaisie, le bow-window peut être conçu en bois ou en dur et il prend, comme souvent dans les stations balnéaires, des formes assez variées. Ainsi, certains se prolongent à l'étage, alors que d'autres, terminés par une toiture à pans ou une terrasse, ne se développent qu'au niveau du soubassement et du rez-de-chaussée surélevé. Parfois, quelques appendices conçus en surplomb peuvent se définir comme des logettes, bien qu'ils relèvent de toute évidence de la même logique que le bow-window. Le succès de ces éléments, devenus l'un des poncifs de l'architecture balnéaire, vient du fait qu'ils permettent aux occupants de la villa de s'approprier le paysage depuis un intérieur au confort douillet, et de voir autant que d'être vus. Ils en disent long sur les modes de vie et les codes architecturaux qui régissent l'habitat des stations balnéaires et plus largement des villes d'eaux, à tel point qu'ils sont encore très présents dans les demeures royannaises reconstruites après les bombardements, dans les années 1950.
 

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